Opéra Garnier : l’arrêt des travaux demandé par la SPPEF

Opéra Garnier, avant et après suppression des cloisons séparatives des loges

L’administration de l’Opéra Garnier a entrepris, sans l’accord formel de l’administration des monuments historiques, la suppression des cloisons des premières et deuxièmes loges. Le but avoué de cette transformation est, comme relaté dans un précédent article, de gagner 30 places pour une recette annuelle complémentaire estimée à 600 000 euros (les recettes actuelles de la billetterie étant de 80 M d’euros).

Ces cloisons d’origine (formées d’assemblages complexes de bois d’essence différentes pour des questions d’acoustique) doivent être remplacées par des panneaux amovibles déposés pendant les représentations, dont l’Opéra indique qu’ils seront remis en place après les spectacles. On peut se demander à quoi bon et si cette promesse sera honorée compte tenu de la manutention qu’elle suppose.

Apparition d’un poteau en fonte auparavant noyé dans la cloison sépartive
Loges de front après suppression de leurs cloisons

Ce projet, qui porte gravement atteinte à l’esthétique de la salle, dont le rythme sera rompu, prive également son éclairage de support, rendant les loges sombres et sinistres.

Cette transformation est en outre évidemment en contradiction avec les volontés de Charles Garnier, qui n’avait prévu de cloisons modulables (aujourd’hui retirées) que pour les baignoires, c’est-à-dire sous les loges. C’est ce qui ressort très clairement des écrits de Charles Garnier et des planches de son Nouvel opéra de Paris.

Aspect de la salle en 1875 avec loges munies de leurs cloisons séparatives
Charles Garnier, , 1880, pl. 10 (plan du premier étage). Les cloisons séparatives des loges sont bien visibles

Cette transformation pose en outre une question de principe, celle du démantèlement des monuments historiques. Les cloisons détruites sont en effet des immeubles par nature en application de la jurisprudence (affaire Transurba relative au château de La Roche-Guyon) et profitent en cela du classement du Palais Garnier, dont "l’architecture et les décors extérieur et intérieur" ont été classés au titre des monuments historiques par arrêté du 16 octobre 1923.

La SPPEF, jointe par des abonnés de l’Opéra, a par conséquent demandé au juge des référés de suspendre les travaux en cours et de conserver au Palais Garnier sa structure de manière pérenne.

L’audience aura lieu le jeudi 26 novembre à 11 h 15 au tribunal administratif de Paris.

Maquette de la salle dans son état d’origine faisant apparaître les cloisons des loges.

Une pétition a recueilli plus de 31 000 signatures à ce jour :
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