Inquiétudes sur le devenir de l’hôtel de la Gabelle à Bernay (Eure)

L’Hôtel dit de la Gabelle à Bernay (Eure). Photo Hélène Richard / Sites & Monuments

L’Hôtel dit de la Gabelle à Bernay, dans l’Eure, est une belle demeure, flanquée de deux greniers à sel, dont un converti en orangerie, élevé entre 1746 et 1749 pour Jacques-Philippe Bréant, receveur du grenier à sel de la ville.

Bernay, façade de l’hôtel de la Gabelle, côté cour. Photo Hélène Richard / Sites & Monuments
Bernay, façade de l’hôtel de la Gabelle côté jardin, avec ses croisées du XVIIIe siècle. Photo Hélène Richard / Sites & Monuments

C’est une construction très soignée, en pierres locales (grès et calcaire de Goupillières) brique et enduit doré, couverte d’ardoises. Cette polychromie ajoute de la gaieté à une façade d’un élégant classicisme. De délicats bas-reliefs rocaille surmontent le portail sur rue, le fronton et les fenêtres de l’avant-corps de la façade sur cour. D’autres agrafes symbolisent les quatre parties du monde connu à l’époque, au moyen d’animaux traités avec fantaisie. Plus sobre, la façade sur jardin est agrémentée d’emblèmes de la chasse et d’un beau mascaron. À l’intérieur un bel escalier en pierre avec rampe de fer forgé mène aux étages.

On ne connaît pas l’architecte même si le nom des Gabriel (Jacques V, mort en 1742, et Ange-Jacques) avait été un moment avancé, du fait de leurs intérêts fonciers dans la ville où ils étaient engagistes de la Couronne.

Hôtel de la Gabelle, agrafe rocaille figurant un éléphant (l’Asie). Photo Hélène Richard / Sites & Monuments
Hôtel de la Gabelle, agrafe rocaille figurant un alligator (l’Amérique). Photo Hélène Richard / Sites & Monuments

Après servi de résidence privée jusqu’au milieu du XXe siècle, l’Hôtel et ses dépendances avaient été achetés par la ville en 1957 qui y installa le conservatoire de musique en conservant une grande partie du second oeuvre du XVIIIe siècle (croisées avec verres soufflés notamment). Malheureusement, depuis le déménagement de celui-ci en 2012, l’Hôtel, inoccupé, non chauffé, infesté par la mérule, se dégrade.

La mairie, déjà en charge d’un très lourd patrimoine religieux à restaurer, est à la recherche d’une solution. Nous attendons avec anxiété de connaître ses propositions.

Hôtel de la gabelle à Bernay, escalier, porte et sols du XVIIIe siècle (vue prise depuis l’extérieur). Photo Marie-Claude Lucas

Les façades de cette demeure et son porche sont simplement inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques (voir ici), protection de second rang négligeant notamment les intérieurs.

Danièle Prévost et Hélène Richard, adhérentes de Sites & Monuments