Municipales 2020 : « Halte au Monopoly à Paris ! » Les associations s’adressent aux candidats !

Logos tribune interassociative municipales Paris

Aujourd’hui ce sont les grands lobbys financiers, publicitaires, commerciaux ou de l’industrie du numérique qui décident de la société dans laquelle nous vivons et de l’avenir de notre ville. Ils ont davantage de poids que les habitants. Ce n’est plus possible : halte au Monopoly destructeur de beauté et de qualité de vie, facteur d’inégalités sociales et environnementales !

Depuis 6 mois, les associations et collectifs parisiens réunis à l’initiative de la fédération FNE Paris travaillent à l’élaboration d’une feuille de route à disposition des candidats. Cette dynamique inter-associative, hors des logiques partisanes et ouverte à tous porte la voix de la société civile dans la campagne municipale.

Face aux enjeux environnementaux, de justice sociale et de qualité de vie dans une ville très dense, il est nécessaire de changer de modèle de développement et ce, par des actions concrètes.

Nous demandons en préambule une refondation de la vie démocratique :

  Nous appelons à revoir le processus d’élaboration des projets et de construction de la décision publique comme ont pu le faire de nombreuses villes en Europe. La reprise de constructions de grande hauteur, la candidature aux JO, la transformation des gares en grands centres commerciaux ou les réponses au défi climatique et social sont des décisions qu’il n’est plus possible de prendre sans ou contre l’avis des Parisiens.
  Nous appelons à des débats préalables où la société civile tiendra la place qui lui revient pour des décisions éclairées et partagées.
  Nous demandons un accès complet des associations à l’information sur les projets, à l’avance, une participation citoyenne aux conseils d’arrondissement, une rénovation du processus de concertation et d’enquête publique en amont de chaque grand projet urbain, le renforcement des conseils de quartier, la participation associative aux jurys de concours d’urbanisme et d’architecture.
  Nous proposons que le prochain Conseil de Paris mette en place des commissions extra-municipales garantes d’un véritable processus d’évaluation et de suivi dans la durée des grandes politiques mises en œuvre : règlement et urbanisme, climat et santé, mobilité et espace public, Seine et canaux, biodiversité et nature, vie associative et démocratie locale, accès aux services publics et à la culture….

Face aux dangers dus à l’hyperdensification de Paris, nous demandons en urgence :

  Une révision générale du règlement d’urbanisme parisien actuel : Modifié en 2016, déstabilisé par l’abandon des COS, il favorise une hyperdensification de la ville. Les opérations d’urbanisme sont aujourd’hui menées « au coup par coup » sans vision d’ensemble métropolitaine. Paris ne peut continuer à siphonner les richesses du territoire à son seul profit.
Cette révision générale sera l’occasion de mettre l’environnement, la santé et l’accès au logement pour tous au centre des objectifs de l’urbanisme du XXIe siècle.
  Un moratoire sur les grands projets emblématiques, immobiliers et urbains qui tournent le dos aux défis environnementaux et climatiques : Tour Triangle, Tour Montparnasse et son quartier, Projet nouvel R - Inventer Bruneseau, future ZAC Bercy Charenton, transformation des gares en centres commerciaux dont notamment la Gare du Nord, opérations « Ville Multi-strates » et « Mille arbres »à l’ouest de Paris. Nous dénonçons en outre la dérive des appels à projets « Réinventer » Paris, la Métropole, qui annoncent une forme nouvelle d’urbanisme dérogatoire et le passage d’une maitrise d’ouvrage publique forte à urbanisme de développeurs confié à des groupements d’investisseurs.
  Une sanctuarisation de tous les jardins en pleine terre, publics et privés, des espaces libres et de nature existants, terrains de sport (TEP Ménilmontant, Netter-Debergue…), cœur d’ilots (ilot Navarre, ESPCI…), ceinture verte (jardin de la Cité Universitaire Internationale…), réservoirs d’eau (Charonne, Grenelle), talus plantés du boulevard périphérique, corridors de biodiversité, bords de Seine (Maison de la Radio, Bruneseau).
  Un plan d’urgence pour les quartiers du nord et de l’est parisien qui accumulent difficultés sociales, scolaires, sécuritaires et environnementales.
  Un nouveau plan de circulation articulé avec le territoire de la région et du Grand Paris, privilégiant la proximité des usages et les mobilités douces.
  Un engagement concret et effectif sur le contrôle des véhicules polluants et sur la mise en œuvre de la ZFE (zone à faible émission) dans le Grand Paris.

« Paris n’est pas à vendre »

Les fonds d’investissement ont pris le pouvoir à Paris avec un prix moyen du m2 à plus de 10 000€ et des loyers extravagants ! La hausse des valeurs foncières et immobilières est le premier obstacle au manque de logements et au maintien, désormais en grand danger, des classes populaires et moyennes dans la Capitale. La « grand-messe » des JO de 2024 ne fera qu’accélérer cette évolution.

  Exigeons dans l’immédiat un encadrement parisien et national plus strict des loyers ainsi que les locations touristiques saisonnières qui vident Paris de ses habitants.
  Proposons de dissocier la question du foncier et celle du bâti, il est urgent de retravailler sur les modalités de municipalisation du sol.
  Exigeons la sanctuarisation du statut du parc social et la création de logements sociaux selon des règles de densification mesurée.

Convaincus que tous les sujets sont liés, nous serons avec les collectifs et les associations, force de propositions prochainement sur les différents sujets : mobilité et partage de l’espace public, logement et solidarité, maîtrise du tourisme de masse.

Nous invitons donc Parisiens et Parisiennes et associations à rejoindre nos actions et à construire à travers une série de débats citoyens publics une feuille de route adressée aux candidats. Premier rendez-vous le 12 octobre : Démocratie et co-construction des décisions publiques.

Les enjeux environnementaux et bioclimatiques ne peuvent trouver de réponses viables dans la durée sans volonté partagée des acteurs à tous niveaux, local, régional, national et international. Pour les prochaines élections municipales, à Paris, comme dans toutes les villes du ‘’grand Paris’’ il est temps de changer de cap !

Associations signataires :

FNE Paris, Alternatives Territoriales Paris et Métropole, Rue de l’avenir, CAC Collectif des Associations Citoyennes, Sites & Monuments (SPPEF), La Seine n’est pas à vendre, ASA PNE Paris 18e, collectif Baron Leroy, Cavé goutte d’Or 18e, Sauvons notre Stade, Respiration Paris 15, ADA 13, ATD Quart Monde Paris, ARBRES, les Amis de Bercy Charenton 12e, association Netter Debergue 12e, Sauvons les arbres de l’ilot Navarre 5e, Collectif contre la Tour Triangle, Collectif Lachaise en action 11e, ARRBELV 5e, RES, Le 20e Autrement, Collectif des Riverains Gare de Lyon Daumesnil, Exemplarité 14…

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