Sauvegardons la caserne Miribel de Verdun (Meuse) !

La caserne Miribel de Verdun aujourd’hui. Photo Eric Somsois.

Après a caserne Gudin de Montargis, dans le Loiret (voir ici), c’est au tour de la caserne Miribel de Verdun d’être menacée de démolition pour y édifier notamment un autre projet de "résidence sénior" ! Comme à Montargis, un riche patrimoine arboré doit également pâtir du projet immobilier.

La caserne Miribel est constituée de trois bâtiments principaux, bien conservés dans leur structure, sur 4 niveaux, dont un mansardé. Il s’agit d’un exemple remarquable des casernements de la fin XIXe siècle (portant la date « 93-94 », voir ci-dessous), situé sur une belle place d’armes dans une ancienne ville de garnison, que son rôle historique a fait "deuxième ville française la plus connue au monde".

Pignon de l’horloge de la caserne Miribel de Verdun portant la date « 93-94 ».

Sa construction débuta à la mort de Joseph de Miribel (1831-1893), qui fut notamment chef d’état-major général de l’Armée de 1890 à 1893. Il s’illustra sous Napoléon III, notamment pendant la guerre de Crimée, la campagne d’Italie, celle du Mexique, puis la guerre franco-prussienne et la défense de Paris.

La caserne Miribel de Verdun et son parc doté d’allées d’arbres.
Plan d’aménagement ne laissant rien subsister de la Caserne Miribel hormis ses pavillons d’entrée.

L’immeuble n’est, ni inscrit, ni classé au titre des monuments historiques, ce qui est regrettable compte-tenu de la qualité architecturale et de la monumentalité de l’ensemble. La caserne est désaffectée depuis 1995, date de sa cession par le ministère de la Défense à la municipalité de Verdun et abandonnée depuis un quart de siècle. Plusieurs tentatives de remploi ont été discutées dans cet intervalle, sans aboutir.

Caserne Miribel de Verdun. Vue d’ensemble (vers 1900).
Caserne Miribel de Verdun, bâtiment axial (vers 1900).

Un ultime projet, proposé par un bailleur social, le Foyer rémois, a été voté en Conseil Municipal en décembre 2019. Il comporte la démolition des trois bâtiments de la caserne, seuls les pavillons d’entrée étant préservés avec l’horloge du bâtiment central qui serait démontée...

Caserne Miribel de Verdun en 1902, correspondance militaire.
Caserne Miribel de Verdun, arrière des bâtiments avec édicules desservant les cages d’escalier.

Une association, Verdun-Miribel, a notamment tenté, au cours de l’année 2020, de s’opposer à ce projet attristant. Elle s’appuie sur les qualités du bâtiment mais aussi sur la forte présence militaire et l’histoire de la cité ainsi que la proximité d’un cimetière-mémorial de la Grande Guerre, qui la désignent évidemment comme lieu de préservation de ce patrimoine. La caserne n’a-t-elle pas été miraculée alors que Verdun a été si éprouvé par la Grande Guerre ?

Grande Guerre : ville de Verdun fut largement détruite.
Grande Guerre : caserne Miribel n’est que faiblement touchée.

Par ailleurs, la durée de vie des immeubles collectifs construits aujourd’hui, tels que ceux appelés à succéder à la caserne, est courte : deux à trois générations au plus. Le remploi des murs centenaires de Miribel incarnerait un objectif de durabilité aujourd’hui valorisée. Voilà un autre mérite de l’initiative de l’association Verdun-Miribel.

Caserne Miribel de Verdun (années 1900)
Caserne Miribel de Verdun (années 30)

La difficulté de cette affaire est de venir à l’heure où le projet a été approuvé en conseil municipal, il y a déjà un an (malgré les contestations de l’opposition, voir ci-dessous). Toutes les demandes d’interventions administratives et politiques de Verdun-Miribel sont malheureusement restées sans réponses. Le maire, reconnaissant les qualités patrimoniales de l’ensemble, explique aujourd’hui ne pas avoir d’autre choix que de démolir. 

La réhabilitation des trois édifices principaux a été chiffrée par la municipalité à 20 millions d’euros (6 millions pour chacun des bâtiments latéraux et 8 millions pour le bâtiment central). Mais c’est sans compter le coût, encore inconnu, de la démolition, de la dépollution et des fouilles rendues nécessaires par le projet actuel auquel s’ajouterait celui de l’édification de nombreuses constructions neuves (création de 300 logements) évalués à 40 millions d’euros sur 10 ans.

Caserne Miribel de Verdun (années 40)
Caserne Miribel de Verdun (années 50)

Reste que les casernes, outre leur monumentalité évidente, sont des lieux de mémoire pour de nombreuses générations (comme en témoignent l’édition de très nombreuses cartes-postales). Il convient ainsi de tout tenter pour les reconvertir. Un récent sondage, organisé par L’Est Républicain (voir ci-dessous), a d’ailleurs montré que 78 % des participants (au nombre de 1176) étaient opposés à la démolition...

Une visio-conférence a été organisée, le 2 février 2021, avec le maire de Verdun, Samuel Hazard, ses adjoints, le président de Sites & Monuments, son délégué régional pour le Grand Est et deux délégués départementaux des VMF.

Étienne Barbier, délégué de Sites & Monuments pour la Meuse

Jean-François Michel, délégué régional de Sites & Monuments pour le Grand Est

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L’Est Républicain du 22 décembre 2019 (extrait)
L’Est Républicain du 29 décembre 2020 (extrait)