Pour la protection de la cour du Bel-Air

Mise à jour mai 2023

Sites & Monuments a présenté avec succès un recours gracieux auprès du Préfet de région avec les associations SOS Paris, Sauvegarde et Mise en Valeur du Paris Historique et Mémoires du Convoi 6 et des camps du Loiret, et obtenu que sa demande de protection de la Cour du Bel-Air soit soumise à l’examen de la Commission régionale de patrimoine et de l’architecture (CRPA) réunie en formation plénière le 13 juin prochain.

Les mêmes associations lancent désormais une pétition, adressée à la madame la Ministre de la Culture et au Directeur régional des Affaires culturelles d’Île-de-France afin de faire protéger de manière incontestable la cour du Bel-Air au titre des monuments historiques.

La Cour du Bel-Air © Wikicommons

Ouvrant au n° 56 de la rue du Faubourg-Saint-Antoine (12e arr.), la cour du Bel-Air constitue un site emblématique du quartier sur lequel nous attirions l’attention il y a un an.

Elle recèle des éléments architecturaux de grande valeur : un ensemble préservé d’escaliers des XVIIe et XVIIIe siècles – parmi lesquels celui des mousquetaires noirs, construit en 1637 dans l’hôtel du Bel-Air et mentionné dans de nombreux guides depuis plus d’un siècle –, des caves exceptionnelles du XVIIe siècle voûtées d’arêtes, de magnifiques charpentes conservées dans deux maisons attenantes au n° 58 et un ensemble d’ateliers-habitations édifiés au XIXe siècle, vecteurs de mémoire de la vie des ébénistes et des travailleurs juifs du faubourg qui furent déportés et spoliés sous l’Occupation. Par ailleurs, l’Hôtel du Bel-Air fut, avec ses dépendances, la demeure de Robert Chuppin, bâtisseur du Pont-Rouge et l’un des plus grands maîtres-charpentiers sous Louis XIII.

L’escalier Louis XIII de l’Hôtel du Bel Air, dit « des mousquetaires » © Sites & Monuments

Compte tenu de sa valeur historique et architecturale, plusieurs associations – Sites & Monuments, Paris historique, SOS Paris, Convoi 6 et le Collectif de défense de la Cour du Bel-Air – ont demandé la protection du site au titre des monuments historiques.

Le 4 octobre 2022, la délégation permanente de la Commission régionale du patrimoine et de l’architecture (CRPA) a émis un avis défavorable à cette protection, laissant ainsi planer une menace de démolition des intérieurs à la faveur de l’installation d’ascenseurs.

Le 10 février dernier, nous avons déposé à la préfecture de région un recours gracieux visant à l’annulation de l’avis défavorable de la délégation permanente. Sur la base de documents conservés aux Archives nationales, aux Archives de Paris et à la Bibliothèque nationale de France, nous avons souligné l’erreur manifeste d’appréciation ayant conduit à cette décision.

Compte tenu de la faiblesse du dossier qui lui a été présenté par la Conservation régionale des monuments historiques, la délégation permanente semble avoir ignoré l’importance historique et mémorielle du lieu, ne pas avoir compris l’impuissance d’un plan local d’urbanisme à protéger les intérieurs – ce qui justifierait la mise en place d’un plan de sauvegarde et de mise en valeur dans le faubourg Saint-Antoine, d’ailleurs demandée par le maire du 11e arrondissement – et les travaux réalisés voici quarante ans dans les règles de l’art sous le contrôle de plusieurs architectes des bâtiments de France soucieux de préserver cet ensemble.

Souhaitons par conséquent que notre recours puisse être entendu, seule manière d’aboutir à la protection efficace d’un lieu emblématique du Paris historique.

Marguerite Décard

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