Prix "Second œuvre" 2018

Concours second oeuvre 2018 (1)

Michel Jantzen, rapporteur du jury

Pour la troisième fois cette année, le concours annuel de la SPPEF « pour la préservation du patrimoine » inclut un prix spécial consacré au second œuvre. Notre propos est d’attirer l’attention sur les parties les plus visibles, les plus fragiles et les plus menacées de notre patrimoine.

Comme son nom l’indique, le second œuvre est par nature transformable sans pour autant compromettre la structure. Sa relative fragilité en fait également le sujet de l’entretien courant : les enduits, les peintures, la réfection des sols, l’amélioration de l’étanchéité des menuiseries sont autant d’éléments qui doivent être régulièrement vérifiés, voire refaits totalement ou partiellement. Sans une réflexion préalable et un savoir-faire éprouvé, le mauvais traitement de ces éléments ou la tentation des produits miracles prêts à l’emploi peuvent définitivement gâcher le caractère d’un lieu. Nous avions l’an dernier élargi notre réflexion aux éléments mécaniques que les perfectionnements techniques ont progressivement introduits dans notre vie quotidienne et également apportés avec le patrimoine récent, en particulier les ascenseurs.

Nous avons cette année retenu pour la seconde fois un moulin à eau pour confirmer l’intérêt de la conservation de ces antiques machines qui nous étaient encore familières il y a quelques décennies et qui disparaissent trop rapidement des paysages ruraux. Nous avons considéré comme recevables sept dossiers, le huitième ne traitant que de gros œuvres était donc hors sujet.

 
Premier prix attribué à la restauration intérieure de l’église de Sainte-Marie de la commune de Roquefort dans le département des Landes.

Notre attention a porté sur la grande homogénéité d’un décor fortement marqué par l’art religieux du XIXe siècle, restauré avec beaucoup de subtilité sous la direction de Stéphane Thouin Architecte en chef des Monuments historique d’Agen, la restauration des peintures a été réalisée par Mathilde Papillon et Agnès Roze.
Nous avons tenu à souligner l’intérêt des productions d’une époque qui fut pendant de longues années considéré avec un certain mépris.

Le tableau de Saint-Roch restauré

 
Le deuxième prix attribué au moulin du GÔ à Saint-Pierre-sur-Erve dans le département de la Mayenne.

Les 72 dents de la roue d’engrenage (la rouet) d’un diamètre de 1,80 mètre confectionnées en bois d’Acacia

Le jury a souligné l’intérêt de la restauration complète du mécanisme, de la roue à aubes aux meules, l’ensemble ayant ainsi retrouvé sa fonction. Les moulins dont la présence animait autrefois les endroits les plus reculés des campagnes disparaissent progressivement parfois jusqu’à l’élimination des biefs du nom d’un prétendu rééquilibrage écologique.

Avant et après. Roue de 4,70 mètres avec 32 pales, 2,5 mètres cube de chêne vert,
432 boulonnerie, 9 cv, démontée refaite à l’identique

 
Le troisième prix attribué à l’église de Saint-Jean-Baptiste de la commune de Saint-Jean-de-Folleville dans le département de Seine-Maritime.

Le jury s’est attaché à cette évocation peut-être unique en France qui associe la religion et l’hommage aux morts de la première guerre mondiale. Notre intérêt a également porté sur l’usage de la photographie dans l’art du vitrail, ce qui a permis de pérenniser visuellement la jeunesse de ces garçons qui ne sont jamais revenus. La restauration de cette oeuvre a été conduite par Amandine Steeh.

La restauration de cette oeuvre a été conduite par Amandine Steeh

 
Le quatrième prix a été attribué à l’église de Saint-Pantaléon de la commune de Valeuil dans le département de la Dordogne.

Il s’agit de la restauration d’un retable du XVIIIe siècle dont une série d’événements fâcheux avait conduit au démantèlement et à l’altération.
Bien que le jury se soit montré réservé sur la restitution des peintures et dorures, nous avons voulu souligner le très grand effort d’une équipe de bénévoles pour sauver un bien commun qui appartient autant à la religion qu’à l’art baroque.

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